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Le Coran et la science Cliquez sur les titres et sous-titres pour atteindre précisément les passages souhaités
II. Y a-t-il dans le Coran des connaissances scientifiques en avance sur celles de son époque ? |
Certains musulmans soutiennent que le Coran
contient et expose des vérités scientifiques, qui étaient inconnues des hommes
de l'époque (VIe-VIIe siècles) et impossibles à découvrir par ceux-ci. Ceux qui
soutiennent cette thèse y voient un argument en faveur du caractère révélé du
texte coranique : si ce livre contient des connaissances qu'aucun homme de
l'époque ne possédait ni ne pouvait posséder, c'est bien la preuve qu'il est
d'origine divine. * * * I. Pourquoi le Coran contiendrait-il des connaissances scientifiques, et qu'est-ce que cela prouverait s'il en contenait ? Au moins depuis l'apparition de la Thora, il y a
des hommes qui pensent que le Livre révélé par Dieu doit contenir toute la
connaissance, y compris la connaissance scientifique, c'est-à-dire celle qui
porte sur la réalité physique et la façon dont elle est organisée ; et ces
hommes, dans un esprit souvent fortement teinté d'ésotérisme et de gnosticisme,
voire de magie, se sont acharnés à "lire" de telles connaissances dans les
textes sacrés. Des tentatives semblables ont été faites avec la Bible chrétienne, ou
même, comme je l'ai déjà indiqué, avec certains édifices comme les pyramides
d'Egypte : celles-ci étant alors envisagées comme des sortes de "livres de
pierre", dans lesquels les bâtisseurs auraient inscrit, sous forme de signes
divers, tout une science à la fois spirituelle et scientifique (quelque chose de
similaire existe à propos du Temple de Salomon, dans lequel toute une tradition
ésotérique a pensé trouver une telle science ; on en voit des traces dans des
organisations aussi diverses que celles des Compagnons, des Rose-Croix, des
Francs-Maçons, etc.). L'idée générale et simplifiée que l'on peut en tirer est
celle-ci : il y a une "sagesse" totale, couvrant la totalité de ce qui est
connaissable, qui est donc à la fois religieuse, philosophique et scientifique ;
elle était connue des Anciens, a été cachée dans certains monuments (au sens
latin, c'est-à-dire : tout ce qui recueille une mémoire, donc aussi bien
édifices que livres), et ceux qui savent les déchiffrer peuvent l'y retrouver.
II. Y a-t-il dans le Coran des connaissances scientifiques en avance sur celles de son époque ? Il faut commencer par tenter de dresser la liste des connaissances scientifiques (ou du moins des principales d'entre elles) qui, selon certains musulmans, seraient présentes dans le Coran. Selon les quelques recherches que nous avons pu effectuer pour l'instant, le Coran contiendrait des connaissances relatives à : - la structure et le développement de
l'embryon humain Dès que l'on entre dans le détail, on s'aperçoit que, sur certains points, la présence de connaissances scientifiques dans le Coran est si visiblement imaginaire, qu'il suffit de lire les versets coraniques en question, puis l'interprétation qui en est donnée, pour que l'imposture soit évidente. C'est par là que nous commencerons pour "déblayer le terrain". Afin de ne pas être soupçonné d'utiliser des traductions du Coran défavorables aux partisans de la scientificité de ce livre, nous nous réfèrerons à celles qu'ils proposent eux-mêmes. Pour ce premier groupe de thèmes, nous ferons état des traductions et des interprétations présentées sur le site Les miracles du Coran (http://miraclesducoran.com), qui reprend les thèses du fameux Harun Yahya (spécialement dans son livre Miracles of the Qur'an). a/ la théorie du Big Bang La théorie scientifique de l'apparition de l'univers à la suite d'un "big bang" serait déjà dans le Coran. Voici le texte coranique censé le montrer : "Lui qui est à l'origine des cieux et de la terre…" (Sourate al-An`âm, 101) où le terme "Lui" désigne Dieu. Inutile d'insister sur l'immense dose de "bonne volonté" nécessaire pour voir la théorie du big bang dans ces quelques mots. Une théorie scientifique moderne avance que chaque particule de matière a son "double" inversé, de sorte qu'"à côté" ou "en plus" de l'univers que nous connaissons, il en existerait un autre (sorte d'"anti-univers" composé d'"antimatière"). L'auteur du Coran aurait connu cette théorie, et voici les lignes qui l'attestent : "Louange à Celui qui a créé tous les couples de ce que la terre fait pousser, d'eux-mêmes, et de ce qu'ils ne savent pas" (Sourate Yâ-Sîn [XXXVI], 36) Ce sont les mots "et de ce qu'ils ne savent pas" qui sont censés constituer une allusion claire à la théorie de l'antimatière... c/ le caractère unique des empreintes digitales Les empreintes digitales sont chaque fois uniques et absolument propres à un individu, même dans le cas des jumeaux. Cette découverte du XIXe siècle aurait été déjà connue de l'auteur du Coran, comme sont censées le montrer ces lignes : "L'homme, pense-t-il que Nous ne réunirons jamais ses os? Mais si! Nous sommes capable de remettre à leur place les extrémités de ses doigts" (Sourate al-Qiyamah, 3-4) Si l'extrémité des doigts est mentionnée, il n'y a là aucune allusion aux empreintes digitales proprement dites, et encore moins au fait qu'elles sont uniques pour chaque individu. L'interprétation la plus simple et la plus vraisemblable est que, les os du bout des doigts étant particulièrement fins, ils sont mentionnés pour montrer qu'Allah peut reconstituer l'homme de fond en comble, dans ses moindres détails.
2) Les interprétations très généreuses La frontière avec le groupe précédent n'est pas toujours facile à établir. Néanmoins, on peut considérer qu'à propos des thèmes qui suivent, il y a bien dans le Coran un vague petit "quelque chose" ressemblant à ce que l'on veut lui faire dire (alors que dans le groupe précédent, il n'y avait strictement rien). A chacun de rectifier la répartition comme il l'entend, sachant qu'en tout état de cause, on évolue là dans l'ordre des nuances fort ténues... Mêmes références que précédemment. a/ la localisation de la zone du cerveau "dirigeant" les mouvements volontaires Selon la science la plus moderne, différentes zones du cerveau correspondent aux différents types d'activités psychiques (langage, mémoire...). Passons sur les multiples difficultés qu'entraîne une telle idée de "correspondance", puisque les islamo-scientistes l'acceptent eux-mêmes. La zone qui correspondrait à l'activité volontaire et consciente, en bien et en mal (en particulier l'agressivité) serait la zone pré-frontale du cerveau. L'auteur du Coran l'aurait su, qui dit : "Car s'il n'y met pas fin, Nous le saisirons brutalement par le toupet du front, un toupet de mensonge et d'erreur" (Sourate al-Alaq, 15-16) Le front est bien mentionné, comme zone où se situe le "toupet", siège de l'erreur et du mensonge. De là à voir dans ces lignes une connaissance de la localisation cérébrale des différentes activités psychiques, il y a tout de même bien loin. Les hommes ont-ils vraiment eu besoin du Coran pour appeler effronté celui qui fait preuve d'une audace de mauvais aloi, ou pour dire qu'il a du toupet ? Une des principales thèses de la théorie de la relativité, élaborée par A. Einstein au début du XXe siècle, est que le temps n'est pas absolument uniforme, mais se déroule plus ou moins vite selon les conditions dans lesquelles se trouve le sujet (la vitesse à laquelle il se déplace). Cela aurait été connu de l'auteur du Coran, comme le montreraient les trois extraits suivants : "Et ils te demandent de hâter (l'arrivée) du châtiment. Jamais Dieu ne manquera à Sa promesse. Cependant, un jour auprès de ton Seigneur, équivaut à mille ans de ce que vous comptez" (Sourate al-Hajj, 47) "Du ciel, Il administre toute affaire sur terre et la fait ensuite monter vers Lui en un jour équivalant à mille ans de votre calcul" (Sourate as-Sajda, 5) "Les anges ainsi que l'Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans" (Sourate al-Maarij, 4) Passons sur le fait que la durée du "jour" divin est tantôt de mille ans, tantôt de cinquante mille. L'essentiel est plutôt que, ce qui est affirmé ici, c'est que le temps passé "auprès de Dieu" ou le temps de l'action divine se déroule beaucoup plus lentement que le temps terrestre. D'une part, l'idée qu'il y aurait encore du temps "auprès de Dieu" est théologiquement fausse (l'élément divin est celui de l'éternité, et non un temps quelconque). D'autre part, il n'est fait aucune allusion à la vitesse de déplacement de l'observateur, qui est pourtant le facteur essentiel dans la théorie einsteinienne. Pour considérer que ce facteur est pris en compte implicitement par le Coran, et donc que le Coran parle bien ici de la théorie de la relativité, il faudrait supposer que selon ce texte Dieu se déplace à une certaine vitesse... thèse théologiquement non moins problématique que la précédente ! Selon l'astronomie contemporaine, l'univers n'est pas fixe mais en expansion, c'est-à-dire qu'il se déploie en s'éloignant de son centre, un peu comme un ballon que l'on gonfle progressivement, et cela avec une vitesse toujours croissante. Le verset suivant montrerait que l'auteur du Coran ne l'ignorait pas, à une époque où nul n'imaginait rien de tel : "Le ciel, Nous l'avons construit par Notre puissance et Nous l'élargissons constamment" (Sourate adh-Dhâriyât, 47) Il faut admettre que, cette fois, le texte
coranique offre une ressemblance assez directe avec ce qu'affirme la science
moderne (à condition d'identifier le "ciel" et l'univers). Certes, l'extrême
brièveté du propos rend l'interprétation islamo-scientiste bien hasardeuse.
Néanmoins, au (large) bénéfice du doute, reconnaissons que ce passage peut
être une fugitive allusion au fait que l'univers est en expansion, non sans
rappeler : Pour un exposé sérieux et documenté qui va dans
ce sens (avec texte arabe et argumentation linguistique), voir le dossier
présenté sur le site La Parole de Dieu face à l'islam à la page : 2) que, même si on transformait le doute en certitude, il faudrait garder à l'esprit toutes les précisions apportées ci-dessus en Première partie, relativement aux conclusions que l'on serait en droit d'en tirer.
3) Des interprétations bien généreuses encore, attribuant de plus au Coran des connaissances... déjà connues depuis longtemps, et mieux que par lui Il s'agit cette fois d'interprétations présentant approximativement le même degré de fiabilité que celles du groupe précédent, mais qui offrent en plus la particularité de proposer comme révolutionnaires pour l'époque des "connaissances" qui, en fait, étaient connues, parfois depuis fort longtemps, et souvent d'une manière plus précise et plus exacte. Mêmes références que précédemment pour le point a ; pour les points b et c, nous en indiquerons d'autres au moment de les exposer. a/ La sphéricité de la Terre Tandis que tout le monde, à cette époque, aurait cru que la Terre est plate, le Coran aurait révélé qu'elle est sphérique. Le passage invoqué pour affirmer ce dernier point est le suivant : "Il a créé les cieux et la terre en toute vérité. Il enroule la nuit sur le jour et enroule le jour sur la nuit…" (Sourate az-Zumar, 5) D'une part, il faut bien
reconnaître que la phrase "Il enroule la nuit sur le jour et enroule le jour
sur la nuit…" constitue, dans le meilleur des cas, une image très lointaine
et bien déformée de la sphéricité – sans compter
que rien, dans le texte coranique, n'indique clairement que cette supposée
sphéricité serait celle de la Terre. Mais d'autre part, quand bien même cette
phrase constituerait une évocation de la sphéricité de la Terre, il n'en
resterait pas moins que cette dernière était connue ou supposée, et cette fois
de manière parfaitement explicite, bien longtemps avant l'époque du Coran
(contrairement à ce que laisse croire une opinion courante fort tenace).
L'affirmation de la sphéricité de la Terre remonte au minimum à Aristote,
c'est-à-dire au IVe siècle avant Jésus-Christ (soit environ dix siècles
avant le Coran) : on la trouve au chapitre XIV du livre
II du Traité du Ciel, assortie de trois preuves, dont deux sont
parfaitement valables même pour la science d'aujourd'hui (ce qui montre qu'il
s'agissait de bien plus que d'une vague supposition, ou d'une fantaisie qui
aurait eu l'heur de "tomber juste").
Bref : alors que le Coran propose une très vague
allusion, dépourvue du moindre début de justification, Aristote avance mille ans
plus tôt une thèse explicite appuyée sur une démonstration... Pour un exposé court, clair et documenté de
l'historique de la question de la sphéricité de la Terre, voir par exemple un
article de P. Bégnana, présenté sur un site consacré à la
philosophie :
Il s'agit du cycle évaporation / pluie : l'eau qui tombe du ciel sur la terre remonte ensuite dans le ciel (évaporation), y forme des nuages, puis retombe sur la terre (pluie), etc. Certains musulmans prétendent que ce cycle était ignoré des contemporains de Muhammad, et que le Coran en offre pourtant une description claire. Or non seulement ce cycle est décrit dans la Bible, de nombreux siècles avant le Coran, mais il y est décrit nettement mieux (plus longuement et plus précisément) que dans celui-ci. Cela dit, moins en vue de soutenir que la Bible surpasse le Coran en matière de révélations scientifiques, que de montrer que ce genre de connaissance est depuis fort longtemps à la portée des hommes, sans nécessité d'un secours divin.
Je renvoie sur ce point à un chapitre clair et détaillé d'un livre du Dr. W.
Campbell (Le Coran et la Bible), présenté sur le site
Jésus-islam.com, répondant en particulier aux
thèses du Dr. Maurice Bucaille (La Bible, le Coran et la Science) ainsi
qu'à celles d'un certain Dr. Torki, à l'adresse suivante :
Pour la présentation d'ensemble de l'ouvrage du Dr. W. Campbell : Références coraniques et bibliques nombreuses et précises.
c/ Le développement de l'embryon Le Coran contiendrait une description précise et exacte des différentes étapes du développement de l'embryon humain, qui auraient été complètement inconnues des hommes de l'époque. Or premièrement, les passages coraniques invoqués par les tenants de cette thèse sont courts et obscurs, soulevant d'épineuses questions de traduction. Deuxièmement, il semble bien que, lorsqu'ils sont clairs, ils contiennent de grossières erreurs (notamment une inversion de l'ordre d'apparition des os et des muscles). Troisièmement enfin, le développement de l'embryon humain avait été décrit de façon plus détaillée et aussi "juste" par le médecin grec Galien, qui vivait au IIe siècle après J.-C., soit environ cinq siècles avant le Coran. Je renvoie sur ce point : - au chapitre du
livre de W. Campbell, Le Coran et la Bible, consacré à
l'embryologie et à la génétique, très détaillé et très sérieux, présenté sur le
site Jésus-islam.com, à la page : - au dossier très bien fait et très précis
présenté sur le site La Parole de Dieu face à l'islam :
reproduction du texte grec de Galien, citations de hadiths, citation d'un
universitaire musulman (Basim Musallam), reconstitution du
cheminement historique ayant permis à Muhammad d'avoir connaissance de la
médecine grecque... - au dossier (moins substantiel) présenté sur le
site Hérétiques, incroyants, rationalistes, à la page : Suite à venir [1]. Par "proche" et "lointain", nous n'entendons évidemment pas, ici, une distance spatiale plus ou moins grande, mais une plus ou moins grande ressemblance et conformité de nature entre l'effet et sa cause. |
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