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Le Coran et la science

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Introduction

I. Pourquoi le Coran contiendrait-il des connaissances scientifiques, et qu'est-ce que cela prouverait s'il en contenait ?

II. Y a-t-il dans le Coran des connaissances scientifiques en avance sur celles de son époque ?

 

   Certains musulmans soutiennent que le Coran contient et expose des vérités scientifiques, qui étaient inconnues des hommes de l'époque (VIe-VIIe siècles) et impossibles à découvrir par ceux-ci. Ceux qui soutiennent cette thèse y voient un argument en faveur du caractère révélé du texte coranique : si ce livre contient des connaissances qu'aucun homme de l'époque ne possédait ni ne pouvait posséder, c'est bien la preuve qu'il est d'origine divine.
   Une telle position conduit à soulever des problèmes divers et de natures différentes, qu'il est d'abord important de ne pas confondre.
   Certes, il s'agit de savoir si, effectivement, le Coran contient des vérités de ce genre. Mais il s'agit aussi de s'interroger sur le désir même d'en chercher en lui, ainsi que sur les conclusions qu'il serait possible de tirer de leur éventuelle présence. La première recherche est, en principe et autant que possible, purement factuelle (oui ou non, le Coran expose-t-il des connaissances que seule la science moderne a été en mesure de découvrir par des voies purement humaines ?). La seconde est d'une nature différente, en ce qu'elle fait appel au raisonnement seul et non à l'établissement de faits : on peut l'appeler philosophique, ou théologico-philosophique, ou philosophico-scientifique pour une part (un livre présentant la Parole de Dieu est-il censé contenir des connaissances de physique, de chimie ou de biologie ? et si même de telles connaissances se trouvent en lui, l'inspiration divine est-elle la seule façon d'expliquer leur présence ?).
   Nous commencerons par aborder ce second groupe de questions, puis nous tenterons de faire un point de la situation à propos de la première interrogation ("factuelle"), en rassemblant informations et études, dans la mesure de nos moyens.

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* * *

I. Pourquoi le Coran contiendrait-il des connaissances scientifiques, et qu'est-ce que cela prouverait s'il en contenait ?

   Au moins depuis l'apparition de la Thora, il y a des hommes qui pensent que le Livre révélé par Dieu doit contenir toute la connaissance, y compris la connaissance scientifique, c'est-à-dire celle qui porte sur la réalité physique et la façon dont elle est organisée ; et ces hommes, dans un esprit souvent fortement teinté d'ésotérisme et de gnosticisme, voire de magie, se sont acharnés à "lire" de telles connaissances dans les textes sacrés. Des tentatives semblables ont été faites avec la Bible chrétienne, ou même, comme je l'ai déjà indiqué, avec certains édifices comme les pyramides d'Egypte : celles-ci étant alors envisagées comme des sortes de "livres de pierre", dans lesquels les bâtisseurs auraient inscrit, sous forme de signes divers, tout une science à la fois spirituelle et scientifique (quelque chose de similaire existe à propos du Temple de Salomon, dans lequel toute une tradition ésotérique a pensé trouver une telle science ; on en voit des traces dans des organisations aussi diverses que celles des Compagnons, des Rose-Croix, des Francs-Maçons, etc.). L'idée générale et simplifiée que l'on peut en tirer est celle-ci : il y a une "sagesse" totale, couvrant la totalité de ce qui est connaissable, qui est donc à la fois religieuse, philosophique et scientifique ; elle était connue des Anciens, a été cachée dans certains monuments (au sens latin, c'est-à-dire : tout ce qui recueille une mémoire, donc aussi bien édifices que livres), et ceux qui savent les déchiffrer peuvent l'y retrouver.
   Ce que l'on trouve dans l'islam d'aujourd'hui, chez certains, est un prolongement de cette attitude, dans la mesure où il y a la conviction que le Coran doit contenir toute la connaissance possible, ce qui permet d'envisager ce Livre comme absolument suffisant (rendant tous les autres livres inutiles, puisque tout s'y trouve). C'est effectivement une tendance forte de l'islam, et cela depuis son apparition, que de considérer le Coran comme l'unique nécessaire, ce qui peut et doit tenir lieu de tout ; et cela peut aller jusqu'à justifier que l'on élimine tous les autres livres. Mais ce n'est sans doute pas l'idée la plus répandue, y compris chez ceux qui prétendent aujourd'hui qu'il y a des connaissances scientifiques dans le Coran. Ils n'affirment pas nécessairement que toute la connaissance possible est écrite dans le Coran, mais plutôt que ce livre contient certaines connaissances scientifiques, inaccessibles aux hommes de l'époques, placées là comme des signes (des sortes de miracles) pour montrer que ce livre n'a pu être conçu par des hommes. Ayant ce rôle de signes, ces connaissances ne seraient donc pas à considérer comme importantes directement en elles-mêmes, mais seulement en raison de ce qu'elles montrent à propos de l'origine du texte. Par exemple, Dieu aurait révélé à Muhammad le fonctionnement du "cycle de l'eau", non pas essentiellement pour qu'il sache comment ce cycle fonctionne (et pour que les hommes en tirent ensuite un certain nombre d'applications pratiques), mais pour manifester que Lui, l'auteur du discours adressé à Muhammad et aux hommes, est plus qu'un homme.
   Or la question est ici de savoir, non pas si de telles connaissances se trouvent effectivement dans le Coran, ni s'il est vrai qu'elles étaient inconnues des hommes de l'époque (ce sera l'objet de la seconde partie de notre propos), mais de savoir ce que l'on est en droit de tirer comme conclusion, même en admettant ces deux points.
   Allons droit à l'essentiel : même si le cycle de l'eau et le développement de l'embryon humain sont expliqués dans le Coran, qu'est-ce que cela prouve ? Cela oblige-t-il à admettre aussitôt que Dieu est l'auteur de ce livre ? Non, en toute rigueur. Cela oblige seulement à admettre que l'auteur du livre est un être possédant des connaissances supérieures à celles des hommes de l'époque de Muhammad ; voilà exactement ce que l'on doit en conclure : pas plus, pas moins. Or n'y a-t-il que Dieu, et même précisément Dieu comme esprit absolu, omniscient et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui corresponde à cette description ? Non pas. Il y a bien d'autres explications possibles.
   D'abord, on peut penser à un ou plusieurs hommes qui, par leur haute intelligence et leur travail, seraient parvenus à dépasser les connaissances de leur temps. Fondamentalement, rien ne s'y oppose, puisque les connaissances en question ne sont pas du tout inaccessibles à l'homme par nature : la preuve, c'est que les hommes ont fini par les découvrir par eux-mêmes. Leur découverte s'est avérée n'être rien d'autre qu'une question de temps et d'utilisation des ressources intellectuelles de l'homme. Il suffirait donc d'admettre que certains hommes ont été en avance par rapport aux autres : et en avance dans le même registre, celui des capacités purement humaines.
   On peut même faire un pas supplémentaire, pour compléter et renforcer cette explication. Pourquoi ne pas admettre que, dans le cours de l'histoire, ont existé des civilisations d'un très haut niveau de développement intellectuel (peut-être même supérieur à celui que nous connaissons aujourd'hui), civilisations qui auraient ensuite complètement disparu d'une façon ou d'une autre, et dont le souvenir et presque tout l'héritage auraient été perdus, à l'exception de quelques vestiges (matériels ou intellectuels) ? Recueillis par quelques initiés, ces vestiges auraient pu ensuite parvenir jusqu'à d'autres hommes, appartenant à une époque beaucoup moins "savante". Cette théorie a des adhérents, et même ses lettres de noblesse : que l'on songe à la célèbre Atlantide, dont parle Platon dans le Critias, et qui eut son heure de gloire dans bien des récits de science-fiction. Hypothèse farfelue, difficile à croire et invérifiable ? Sans doute ; mais beaucoup trouveront qu'elle ne l'est pas plus, et même moins, que celle qui consiste à faire intervenir l'absolu en personne!
   Autre possibilité : pourquoi ne pas voir, dans ces connaissances contenues dans le Coran (si elles s'y trouvent bien), la marque d'une intervention d'êtres non humains mais non divins pour autant ? Pourquoi ne pas en faire l'indice d'une intervention d'extraterrestres, possédant une science très avance sur celle des hommes de l'époque ? Là encore, on trouve des gens pour soutenir cette thèse, à propos de réalisations qui semblent dépasser les possibilités des hommes vivant à l'époque où elles furent faites. Ainsi certains croient-ils que les pyramides d'Egypte (encore!) ou le temple de Baalbek ont été édifiés par des êtres venus de l'espace (ou du moins avec leur aide), ou que certains tracés anciens, figurant sur le sol au Pérou, étaient faits à l'intention de tels êtres... Là encore, l'explication paraîtra saugrenue. On est irrésistiblement enclin à penser que ceux qui soutiennent ces théories sont de doux illuminés, qui utilisent tous les prétextes pour alimenter leurs lubies ; et c'est très probablement le cas. Mais on ne voit pas pourquoi leur "explication" serait moins bonne que celle avancée par certains musulmans. A nouveau il faut remarquer que celle-là peut sembler, à bon droit, moins "coûteuse" et moins "irrationnelle" que celle-ci. Elle respecte mieux le principe d'économie, qui stipule qu'en toute recherche d'explication, il faut partir des hypothèses les plus prochaines et les plus simples, et ne se tourner, de proche en proche, vers les plus lointaines et les plus complexes, que si les premières se sont révélées insuffisantes. Or l'hypothèse d'une intervention de créatures extraterrestres est suffisante pour expliquer le point en question (ie la présence dans le Coran de connaissances scientifiques, en admettant qu'il y en ait), et elle est plus proche du fait à expliquer que celle d'une intervention divine ; pour cette raison elle peut être jugée préférable à cette dernière [1].
   En somme, on l'a compris, il s'avère que la déduction "il y a dans le Coran des connaissances supérieures à celles des hommes de l'époque, donc Dieu est l'auteur du Coran" n'est pas logiquement concluante. Les connaissances en question ne font pas partie de celles qui ne peuvent avoir que Dieu comme auteur. Il n'y a nul besoin d'être l'absolu en personne pour les posséder ; elles relèvent de ce que l'homme peut très bien parvenir à connaître par lui-même, ou, pourquoi pas, recevoir d'autres créatures (sur cette question, qui est celle des contenus ne pouvant avoir que Dieu lui-même pour source, voir La question de la Révélation I, 4). La conclusion s'impose : même si le Coran contenait des connaissances scientifiques encore inconnues à l'époque de sa parution, cela ne constituerait pas une preuve ni même un signe du caractère divin de ce livre. Mais le Coran contient-il vraiment de telles connaissances ? Dans quelle mesure les lectures qui prétendent les y trouver sont-elles sérieuses et crédibles ?

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II. Y a-t-il dans le Coran des connaissances scientifiques en avance sur celles de son époque ?

   Il faut commencer par tenter de dresser la liste des connaissances scientifiques (ou du moins des principales d'entre elles) qui, selon certains musulmans, seraient présentes dans le Coran. Selon les quelques recherches que nous avons pu effectuer pour l'instant, le Coran contiendrait des connaissances relatives à :

- la structure et le développement de l'embryon humain
- le caractère unique des empreintes digitales
- la localisation de la zone du cerveau "dirigeant" les mouvements volontaires
- le cycle de l'eau
- la sphéricité de la Terre
- la théorie du Big Bang
- l'expansion de l'univers
- la relativité du temps
- l'antimatière
- les couches de l'atmosphère

   Dès que l'on entre dans le détail, on s'aperçoit que, sur certains points, la présence de connaissances scientifiques dans le Coran est si visiblement imaginaire, qu'il suffit de lire les versets coraniques en question, puis l'interprétation qui en est donnée, pour que l'imposture soit évidente. C'est par là que nous commencerons pour "déblayer le terrain". Afin de ne pas être soupçonné d'utiliser des traductions du Coran défavorables aux partisans de la scientificité de ce livre, nous nous réfèrerons à celles qu'ils proposent eux-mêmes.

1) Les impostures manifestes

   Pour ce premier groupe de thèmes, nous ferons état des traductions et des interprétations présentées sur le site Les miracles du Coran (http://miraclesducoran.com), qui reprend les thèses du fameux Harun Yahya (spécialement dans son livre Miracles of the Qur'an).

a/ la théorie du Big Bang

La théorie scientifique de l'apparition de l'univers à la suite d'un "big bang" serait déjà dans le Coran. Voici le texte coranique censé le montrer :

"Lui qui est à l'origine des cieux et de la terre…" (Sourate al-An`âm, 101)

où le terme "Lui" désigne Dieu. Inutile d'insister sur l'immense dose de "bonne volonté" nécessaire pour voir la théorie du big bang dans ces quelques mots.

b/ l'antimatière

Une théorie scientifique moderne avance que chaque particule de matière a son "double" inversé, de sorte qu'"à côté" ou "en plus" de l'univers que nous connaissons, il en existerait un autre (sorte d'"anti-univers" composé d'"antimatière"). L'auteur du Coran  aurait connu cette théorie, et voici les lignes qui l'attestent :

"Louange à Celui qui a créé tous les couples de ce que la terre fait pousser, d'eux-mêmes, et de ce qu'ils ne savent pas" (Sourate Yâ-Sîn [XXXVI], 36)

Ce sont les mots "et de ce qu'ils ne savent pas" qui sont censés constituer une allusion claire à la théorie de l'antimatière...

c/ le caractère unique des empreintes digitales

Les empreintes digitales sont chaque fois uniques et absolument propres à un individu, même dans le cas des jumeaux. Cette découverte du XIXe siècle aurait été déjà connue de l'auteur du Coran, comme sont censées le montrer ces lignes :

"L'homme, pense-t-il que Nous ne réunirons jamais ses os? Mais si! Nous sommes capable de remettre à leur place les extrémités de ses doigts" (Sourate al-Qiyamah, 3-4)

Si l'extrémité des doigts est mentionnée, il n'y a là aucune allusion aux empreintes digitales proprement dites, et encore moins au fait qu'elles sont uniques pour chaque individu. L'interprétation la plus simple et la plus vraisemblable est que, les os du bout des doigts étant particulièrement fins, ils sont mentionnés pour montrer qu'Allah peut reconstituer l'homme de fond en comble, dans ses moindres détails.

 

2) Les interprétations très généreuses

La frontière avec le groupe précédent n'est pas toujours facile à établir. Néanmoins, on peut considérer qu'à propos des thèmes qui suivent, il y a bien dans le Coran un vague petit "quelque chose" ressemblant à ce que l'on veut lui faire dire (alors que dans le groupe précédent, il n'y avait strictement rien). A chacun de rectifier la répartition comme il l'entend, sachant qu'en tout état de cause, on évolue là dans l'ordre des nuances fort ténues... Mêmes références que précédemment.

a/ la localisation de la zone du cerveau "dirigeant" les mouvements volontaires

Selon la science la plus moderne, différentes zones du cerveau correspondent aux différents types d'activités psychiques (langage, mémoire...). Passons sur les multiples difficultés qu'entraîne une telle idée de "correspondance", puisque les islamo-scientistes l'acceptent eux-mêmes.  La zone qui correspondrait à l'activité volontaire et consciente, en bien et en mal (en particulier l'agressivité) serait la zone pré-frontale du cerveau. L'auteur du Coran l'aurait su, qui dit :

"Car s'il n'y met pas fin, Nous le saisirons brutalement par le toupet du front, un toupet de mensonge et d'erreur" (Sourate al-Alaq, 15-16)

Le front est bien mentionné, comme zone où se situe le "toupet", siège de l'erreur et du mensonge. De là à voir dans ces lignes une connaissance de la localisation cérébrale des différentes activités psychiques, il y a tout de même bien loin. Les hommes ont-ils vraiment eu besoin du Coran pour appeler effronté celui qui fait preuve d'une audace de mauvais aloi, ou pour dire qu'il a du toupet ?

b/ La relativité du temps

Une des principales thèses de la théorie de la relativité, élaborée par A. Einstein au début du XXe siècle, est que le temps n'est pas absolument uniforme, mais se déroule plus ou moins vite selon les conditions dans lesquelles se trouve le sujet (la vitesse à laquelle il se déplace). Cela aurait été connu de l'auteur du Coran, comme le montreraient les trois extraits suivants :

"Et ils te demandent de hâter (l'arrivée) du châtiment. Jamais Dieu ne manquera à Sa promesse. Cependant, un jour auprès de ton Seigneur, équivaut à mille ans de ce que vous comptez" (Sourate al-Hajj, 47)

"Du ciel, Il administre toute affaire sur terre et la fait ensuite monter vers Lui en un jour équivalant à mille ans de votre calcul" (Sourate as-Sajda, 5)

"Les anges ainsi que l'Esprit montent vers Lui en un jour dont la durée est de cinquante mille ans" (Sourate al-Maarij, 4)

Passons sur le fait que la durée du "jour" divin est tantôt de mille ans, tantôt de cinquante mille. L'essentiel est plutôt que, ce qui est affirmé ici, c'est que le temps passé "auprès de Dieu" ou le temps de l'action divine se déroule beaucoup plus lentement que le temps terrestre. D'une part, l'idée qu'il y aurait encore du temps "auprès de Dieu" est théologiquement fausse (l'élément divin est celui de l'éternité, et non un temps quelconque). D'autre part, il n'est fait aucune allusion à la vitesse de déplacement de l'observateur, qui est pourtant le facteur essentiel dans la théorie einsteinienne. Pour considérer que ce facteur est pris en compte implicitement par le Coran, et donc que le Coran parle bien ici de la théorie de la relativité, il faudrait supposer que selon ce texte Dieu se déplace à une certaine vitesse... thèse théologiquement non moins problématique que la précédente !

c/ L'expansion de l'univers

Selon l'astronomie contemporaine, l'univers n'est pas fixe mais en expansion, c'est-à-dire qu'il se déploie en s'éloignant de son centre, un peu comme un ballon que l'on gonfle progressivement, et cela avec une vitesse toujours croissante. Le verset suivant montrerait que l'auteur du Coran ne l'ignorait pas, à une époque où nul n'imaginait rien de tel :

"Le ciel, Nous l'avons construit par Notre puissance et Nous l'élargissons constamment" (Sourate adh-Dhâriyât, 47)

Il faut admettre que, cette fois, le texte coranique offre une ressemblance assez directe avec ce qu'affirme la science moderne (à condition d'identifier le "ciel" et l'univers). Certes, l'extrême brièveté du propos rend l'interprétation islamo-scientiste bien hasardeuse. Néanmoins, au (large) bénéfice du doute, reconnaissons que ce passage peut être une fugitive allusion au fait que l'univers est en expansion, non sans rappeler :
1) que cela reste une vague et fragile possibilité. Il semblerait que le terme "élargissons" soit le résultat d'une traduction très récente et tendancieuse.

Pour un exposé sérieux et documenté qui va dans ce sens (avec texte arabe et argumentation linguistique), voir le dossier présenté sur le site La Parole de Dieu face à l'islam à la page :
http://facealislam.free.fr/science_expansionunivers.html

2) que, même si on transformait le doute en certitude, il faudrait garder à l'esprit toutes les précisions apportées ci-dessus en Première partie, relativement aux conclusions que l'on serait en droit d'en tirer.

 

3) Des interprétations bien généreuses encore, attribuant de plus au Coran des connaissances... déjà connues depuis longtemps, et mieux que par lui

Il s'agit cette fois d'interprétations présentant approximativement le même degré de fiabilité que celles du groupe précédent, mais qui offrent en plus la particularité de proposer comme révolutionnaires pour l'époque des "connaissances" qui, en fait, étaient connues, parfois depuis fort longtemps, et souvent d'une manière plus précise et plus exacte. Mêmes références que précédemment pour le point a ; pour les points b et c, nous en indiquerons d'autres au moment de les exposer.

a/ La sphéricité de la Terre

Tandis que tout le monde, à cette époque, aurait cru que la Terre est plate, le Coran aurait révélé qu'elle est sphérique. Le passage invoqué pour affirmer ce dernier point est le suivant :

"Il a créé les cieux et la terre en toute vérité. Il enroule la nuit sur le jour et enroule le jour sur la nuit…" (Sourate az-Zumar, 5)

D'une part, il faut bien reconnaître que la phrase "Il enroule la nuit sur le jour et enroule le jour sur la nuit…" constitue, dans le meilleur des cas, une image très lointaine et bien déformée de la sphéricité – sans compter que rien, dans le texte coranique, n'indique clairement que cette supposée sphéricité serait celle de la Terre. Mais d'autre part, quand bien même cette phrase constituerait une évocation de la sphéricité de la Terre, il n'en resterait pas moins que cette dernière était connue ou supposée, et cette fois de manière parfaitement explicite, bien longtemps avant l'époque du Coran (contrairement à ce que laisse croire une opinion courante fort tenace). L'affirmation de la sphéricité de la Terre remonte au minimum à Aristote, c'est-à-dire au IVe siècle avant Jésus-Christ (soit environ dix siècles avant le Coran) : on la trouve au chapitre XIV du livre II du Traité du Ciel, assortie de trois preuves, dont deux sont parfaitement valables même pour la science d'aujourd'hui (ce qui montre qu'il s'agissait de bien plus que d'une vague supposition, ou d'une fantaisie qui aurait eu l'heur de "tomber juste"). Bref : alors que le Coran propose une très vague allusion, dépourvue du moindre début de justification, Aristote avance mille ans plus tôt une thèse explicite appuyée sur une démonstration...

   On ne peut s'empêcher de remarquer, sans mauvais esprit, que les musulmans des IXe-XIIe siècles connaissaient fort bien Aristote, et que ce sont même eux qui ont permis à l'Occident chrétien de renouer avec l'oeuvre du Stagirite un contact depuis longtemps perdu. Ce qui, en l'occurrence, ne manque pas de sel. Si les islamo-scientistes modernes étaient aussi cultivés que leurs prédécesseurs (ou du moins certains d'entre eux), cela leur aurait évité de se donner là un incontestable ridicule.

Pour un exposé court, clair et documenté de l'historique de la question de la sphéricité de la Terre, voir par exemple un article de P. Bégnana, présenté sur un site consacré à la philosophie :
http://philo.pourtous.free.fr/Articles/Patrice/terreplate.htm

 

b/ Le cycle de l'eau

Il s'agit du cycle évaporation / pluie : l'eau qui tombe du ciel sur la terre remonte ensuite dans le ciel (évaporation), y forme des nuages, puis retombe sur la terre (pluie), etc. Certains musulmans prétendent que ce cycle était ignoré des contemporains de Muhammad, et que le Coran en offre pourtant une description claire. Or non seulement ce cycle est décrit dans la Bible, de nombreux siècles avant le Coran, mais il y est décrit nettement mieux (plus longuement et plus précisément) que dans celui-ci. Cela dit, moins en vue de soutenir que la Bible surpasse le Coran en matière de révélations scientifiques, que de montrer que ce genre de connaissance est depuis fort longtemps à la portée des hommes, sans nécessité d'un secours divin.  

Je renvoie sur ce point à un chapitre clair et détaillé d'un livre du Dr. W. Campbell (Le Coran et la Bible), présenté sur le site Jésus-islam.com, répondant en particulier aux thèses du Dr. Maurice Bucaille (La Bible, le Coran et la Science) ainsi qu'à celles d'un certain Dr. Torki, à l'adresse suivante :
http://www.jesus-islam.com/islam/coranbible/coranbible4-1.htm

Pour la présentation d'ensemble de l'ouvrage du Dr. W. Campbell :
http://www.jesus-islam.com/islam/coranbible/index.htm

Références coraniques et bibliques nombreuses et précises.

 

c/ Le développement de l'embryon

Le Coran contiendrait une description précise et exacte des différentes étapes du développement de l'embryon humain, qui auraient été complètement inconnues des hommes de l'époque. Or premièrement, les passages coraniques invoqués par les tenants de cette thèse sont courts et obscurs, soulevant d'épineuses questions de traduction. Deuxièmement, il semble bien que, lorsqu'ils sont clairs, ils contiennent de grossières erreurs (notamment une inversion de l'ordre d'apparition des os et des muscles). Troisièmement enfin, le développement de l'embryon humain avait été décrit de façon plus détaillée et aussi "juste" par le médecin grec Galien, qui vivait au IIe siècle après J.-C., soit environ cinq siècles avant le Coran.

Je renvoie sur ce point :

- au chapitre du livre de W. Campbell, Le Coran et la Bible, consacré à l'embryologie et à la génétique, très détaillé et très sérieux, présenté sur le site Jésus-islam.com, à la page :
http://www.jesus-islam.com/islam/coranbible/coranbible4-2-2.htm.

- au dossier très bien fait et très précis présenté sur le site La Parole de Dieu face à l'islam : reproduction du texte grec de Galien, citations de hadiths, citation d'un universitaire musulman (Basim Musallam), reconstitution du cheminement historique ayant permis à Muhammad d'avoir connaissance de la médecine grecque...
http://facealislam.free.fr/embryon_grec.html

- au dossier (moins substantiel) présenté sur le site Hérétiques, incroyants, rationalistes, à la page :
 http://www.lemanlake.com/french/islam_embryologie.htm.
Je dois préciser que, si les informations linguistiques et scientifiques semblent sérieuses, le ton (sarcastique et moqueur) est plutôt déplacé – comme c'est assez souvent le cas de la part des critiques athées de l'islam. Quant à moi je le désapprouve.

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Suite à venir

[1]. Par "proche" et "lointain", nous n'entendons évidemment pas, ici, une distance spatiale plus ou moins grande, mais une plus ou moins grande ressemblance et conformité de nature entre l'effet et sa cause.

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