Citations
Les citations sont
classées dans l'ordre alphabétique des noms de leurs auteurs
"Omnis enim substantia quae Deus non est creatura est
; et quae creatura non est, Deus est" (En effet toute substance qui n'est
pas Dieu est une créature ; et celle qui n'est pas une créature est Dieu).
Augustinus
Hipponensis (Saint-Augustin d'Hippone), De Trinitate, I, 6, 9.
* * *
" Car il aime, celui qui se dévoile
lui-même pour se communiquer ; et c'est ce que fit Dieu par son Verbe. C'est
l'acte même de parler qui fut le geste d'amour de Dieu, et par conséquent aussi
le contenu de la parole. Ainsi le mouvement d'expression n'était-il rien d'autre
que le contenu exprimé, car le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu."
Hans-Urs von Balthasar, Le coeur du monde,
Versailles, Saint Paul, 1997, p.32.
* * *
" Les intellectuels
se réclamant de la confession musulmane répètent sans cesse que l'Islam est
fraternité, paix et tolérance. Ils ont certainement raison, mais ils n'ont aucun
soutien théorique qui permette d'appuyer la plupart de leurs affirmations. Les
modérés veulent embellir l'image de leur religion mais ce qu'ils disent de
l'Islam ne traduit qu'un souhait."
Soheib Bencheikh,
Marianne et le Prophète, Paris, Grasset et Fasquelle, 1998, p.146.
* * *
"Si Dieu peut se manifester aux hommes, révéler son être, il est évident
qu'il doit avoir quelque chose à dire. Le priver, en considérant l'Absolu, de
toute nature ou "divinité", c'est donc lui retirer la liberté de parole. Si
l'indétermination est conclue (= si l'on conclut que Dieu n'est pas
déterminé, c'est-à-dire différencié en et par lui-même), ce n'est pas
seulement le langage de l'homme sur et à Dieu qui est interdit, mais aussi tout
langage de Dieu. Il y a donc un argument simple qui conclut du possible au
nécessaire, de la possibilité de la parole divine à la nécessité de la
détermination de Dieu."
Claude Bruaire,
L'affirmation de Dieu, essai sur la logique de l'existence, Paris, Seuil,
1964, p.241.
* * *
"Je me
souviens d'avoir entendu le grand ethnologue Griaule [Marcel Griaule, 1898-1956]
parler de l'islam : ce qu'il reprochait à l'islam, c'est d'avoir introduit
l'abstraction dans la vie religieuse des peuples primitifs et d'avoir remplacé
une liturgie par un code. Il lui reprochait d'avoir introduit parmi ces
populations un monothéisme appauvri puisqu'il réduit l'unité à son sens
arithmétique. Il lui reprochait d'avoir déraciné des populations tribales d'une
complicité universelle avec le réel concret, avec la vie où qu'elle soit,
visible ou invisible. Je ne suis pas sûr que, pour Griaule, la religion du Livre
ait été une supériorité, précisément parce que le Livre n'est pas la Vie. Je ne
suis pas loin de le croire moi-même. Un livre est une prison de signes
abstraits. Si la Bible est sacrée, c'est qu'elle transcrit la Parole vivante et
créatrice de Dieu. A l'Origine, il n'y a pas le Livre ; à l'Origine, il y a la
Parole, le Verbe, et la Parole est en Dieu et la Parole est Dieu".
R.-L. Bruckberger,
La Révélation de Jésus-Christ, Paris, Grasset, 1983, p.233.
* * *
"Jésus-Christ (...) nous a révélé la vie intime de Dieu, la circulation
intérieure de sa vie entre trois Personnes concrètes, contemporaines dans
l'éternité : le Père, le Fils et l'Esprit Saint. Rien n'est plus concret que la
communion de ces trois Personnes entre elles à l'intérieur de leur harmonie
consubstantielle (...). L'Unité de Dieu, l'islam la conçoit comme une unité
arithmétique, qui ne saurait être divisée sans être amoindrie. Jésus-Christ nous
révèle cette Unité de Dieu, comme Monade transcendante, vivante à l'extrême avec
toutes les caractéristiques de la vie, qui sont d'abord la fécondité de la
reproduction et l'amour. La Monade transcendante est une cellule familiale, qui
ne peut rien perdre ni de sa transcendance, ni de son unité de nature : cette
unique nature divine se déverse intégralement de l'une à l'autre des trois
Personnes, sans jamais rien dissiper de sa totalité".
R.-L. Bruckberger,
La Révélation de Jésus-Christ, Paris, Grasset, 1983, pp.253-254.
* * *
"Loin d'abolir la transcendance divine, le don que Dieu
fait de soi en s'humiliant sans mesure ne la manifeste que davantage encore, en
ce qu'elle a d'insaisissable et de déconcertant pour toute pensée humaine".
Jean-Louis
Chrétien, Le regard de l'amour, Paris, Desclée de Brouwer, 2000, p.18.
* * *
" Sachez que la vie de ce monde n'est que jeu,
divertissement,
vaine parure, lutte de vanité entre vous,
rivalité dans l'abondance
des richesses et des enfants.
Elle est semblable
à une ondée :
la végétation qu'elle suscite plaît aux incrédules,
puis elle se fane.
Tu la vois jaunir
et elle devient ensuite sèche et cassante".
Coran, LVII, 20
(traduction D. Masson)
* * *
" D'après
Abdelwahab Meddeb : « L'Islam se préoccupe de la
technique plus que de la science. Le monde islamique n'est plus créateur de
science depuis le XVIIe siècle ». Mais l'a-t-il vraiment été aux origines ? Il a
surtout expérimenté les sciences théorisées, en particulier par les Grecs. Ce
sont les sciences grecques que développèrent les savants hellénisants de
l'Islam, grâce aux traductions effectuées par les chrétiens orientaux en terre
d'Islam, souvent à partir du syriaque, mais parfois directement du grec. Ni
Avicenne, au Xe siècle, ni Averroès, au XIIe, ne connaissaient le grec. Quant à
« l'esprit scientifique » qui aurait jadis rayonné dans les cités musulmanes, il
relève en grande partie du mythe. Il caractérisait surtout une très petite élite
fascinée par la philosophie grecque et ces lettrés qui n'avaient que le mot
d'Aristote à la bouche étaient traités d'hérétiques et vomis par le peuple et
par les théologiens juristes."
Anne-Marie Delcambre, L'islam des interdits,
Paris, Desclées de Brouwer, 2003, p.71.
* * *
" Mahomet eut le souci de ne pas bouleverser la
hiérarchie tribale brutalement. Mais c'est la violence guerrière, la ruse,
l'assassinat, qui lui permirent de réussir et d'imposer sa religion".
Anne-Marie Delcambre, L'islam des interdits,
Paris, Desclées de Brouwer, 2003, p.101.
* * *
Evangile
saint Jean
6,35 : « Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura
jamais faim ; qui croit en moi n’aura jamais soif ».
Commentaire :
Jésus prétend être lui-même le "pain de vie", c'est-à-dire
la Parole de Dieu. Et logiquement, il appelle à croire en lui,
ce qui n’aurait pas de sens s’il ne prétendait pas être Dieu. On retrouve cet
appel à croire en lui (et non seulement à ce qu'il dit, comme
s'il était un simple messager) à de nombreuses reprises.
*
6,40 : « Oui, telle est la volonté de mon Père, que
quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle, et je le
ressusciterai au dernier jour ».
Commentaire :
Jésus dit qu'il ressuscitera les croyants ; or c’est là un acte divin. Et
pour avoir la vie éternelle, il faut voir le Fils (le reconnaître comme Fils) et
croire en lui (et non seulement à ce qu'il dit), c'est-à-dire en Jésus :
Jésus se présente comme étant lui-même, en tant que Fils, ce en quoi il
faut croire pour être sauvé. Ce qui implique que Jésus soit lui-même Dieu.
*
8,12 : « je suis la lumière du monde » (aussi 9,5).
Commentaire :
Qui d'autre que Dieu peut oser affirmer cela ?
*
8,24 : « Si, en effet, vous ne croyez pas que Je suis,
vous mourrez dans vos péchés »
Commentaire :
Jésus s’applique ici le nom divin, "Je suis", révélé par
Yaweh à Moïse. Dans toute la Bible, cette expression est toujours
utilisée par Dieu lui-même à propos de lui-même.
*
8,56-58 : « Abraham, votre père, exulta à la pensée de
voir mon Jour. Il l’a vu et fut dans la joie ». « En vérité, en vérité, je vous
le dis, avant qu’Abraham existât, Je suis ».
Commentaire :
Idem ; de plus, l’expression « le Jour de » est, elle aussi,
absolument réservée à Dieu.
*
10,30 : « Moi et le Père, nous sommes un ».
Commentaire :
Cette unité avec le Père n'est pas la même que celle
qui peut exister entre un homme et Dieu. Voir par exemple ci-dessous la remarque
accompagnant la citation de 14, 6-7.
*
10,33 : Les « Juifs » veulent lapider Jésus parce qu’il
blasphème en se divinisant : « (...) toi, n’étant qu’un homme, tu te fais
Dieu ».
Commentaire :
On voit très bien ici que les Juifs eux-mêmes
reprochent à Jésus de se prendre pour Dieu ; c'est d'ailleurs justement
pour ce motif qu'ils voudront le crucifier plus tard. On voit aussi que
Jésus ne proteste pas contre cette accusation, il ne dit pas aux Juifs
qu'ils se trompent : ce qu'il aurait évidemment fait, s'il ne prétendait pas
être de nature divine.
*
11,25 : « Je suis la résurrection [et la vie] ».
Commentaire :
Quel homme peut affirmer qu'il est lui-même
la résurrection ?
*
14, 6-7 : « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. Nul ne
vient au Père que par moi. Si vous me connaissez vous connaîtrez aussi mon
Père ; dès à présent vous le connaissez et vous l’avez vu ».
Commentaire :
Jésus dit très clairement qu'il est
lui-même la Vérité (et non pas simplement qu'il dit la vérité,
ou qu'il est le messager de la vérité). Il dit également que le
connaître lui, c'est connaître Dieu ; ce qui montre de quelle nature est
l'unité entre le Père et lui.
*
16,28 : « Je suis sorti d’auprès du Père et venu dans le
monde. De nouveau je quitte le monde et je vais vers le Père ».
Commentaire :
Ce qui empêche de voir ici un propos pouvant être tenu par n’importe quel
homme (comme si « être sorti d’auprès du Père » était une manière de désigner la
création particulière dont chaque homme est le fruit), c’est que, chaque fois
qu’il parle ainsi, le Christ dit toujours « je », et jamais « l’homme en
général » ; ce qu’il dit là lui est vraiment et absolument propre.
*
19,7 : Les Juifs disent à propos de Jésus : « Nous avons
une Loi et d’après cette Loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de
Dieu »
Commentaire :
On voit là que l’expression « Fils de Dieu »
est entendue par les « Juifs » eux-mêmes comme signifiant tout autre chose que
« homme » ou « homme saint », puisqu'ils y voient un motif de mise à mort, un
blasphème. Encore une fois, les Juifs eux-mêmes sont convaincus que
Jésus prétend être Dieu.
*
20,28 : Thomas, après avoir mis son doigt dans la marque
des clous de Jésus (après la résurrection de celui-ci) : « Mon Seigneur et mon
Dieu ! ».
Commentaire :
Si Jésus ne prétendait pas être Dieu, il aurait
immédiatement rectifié ce propos de Thomas, en lui disant : Ne va pas croire
que je suis Dieu, je ne suis qu'un homme ; mais il ne dit rien de tel, ni
ici, ni nulle part ailleurs. Tout au contraire, il dit ensuite à Thomas : enfin
tu as compris, enfin tu crois!
* * *
"Nous avons un verbe (logos),
c'est-à-dire une expression rationnelle de notre pensée (nous). Dieu doit
donc être conçu d'abord comme une suprême Pensée, qui engendre un Verbe en qui
elle s'exprime. Puisqu'il s'agit ici d'un Verbe divin, il ne faut pas le
concevoir instable et passager comme le nôtre, mais éternellement subsistant et
vivant de sa vie propre. Puisqu'il vit, le Verbe est aussi doué de volonté, et,
comme elle est divine, cette volonté est à la fois toute-puissante et bonne.
(...) Les Juifs connaissent l'unité de la nature divine mais ignorent la
distinction des personnes, au lieu que les païens ont multiplié les personnes
sans connaître l'unité de cette nature".
Grégoire de Nysse (saint), commenté par Etienne
Gilson in La philosophie au Moyen-Age, Paris, Payot, 1999,
pp.69-70.
* * *
" Quiconque lit le Coran, en connaissant déjà bien l'Ancien
et le Nouveau Testament, percevra clairement le processus de réduction dont la
Révélation divine y est l'objet. Il est impossible de ne pas être frappé par
l'incompréhension qui s'y manifeste de ce que Dieu a dit de Lui-même, d'abord
dans l'Ancien Testament par les prophètes, ensuite de façon définitive dans le
Nouveau Testament par son Fils. Toute cette richesse de l'auto-révélation de
Dieu, qui constitue le patrimoine de l'Ancien et du Nouveau Testament, a été, en
fait, laissée de côté dans l'islam".
Jean-Paul II, Entrez dans l'espérance, Paris, Plon-Mame,
1994, p.152.
* * *
"Car notre culte ne s'adresse pas à une monarchie mesquine
et circonscrite par une seule personne [comme celui des Juifs], ou, au
contraire, confuse et qui se perdrait à l'infini [comme celui des païens], mais
bien à la Trinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, dont la dignité est
naturellement égale. Leur richesse est cet accord même, cette irradiation à la
fois distincte et une, au-delà de laquelle ne se diffuse plus la divinité.
Ainsi, sans introduire un peuple de dieux, nous ne concevrons pas la divinité
comme d'une pauvreté voisine de l'indigence".
Maxime de Chrysopolis (le Confesseur),
cité par Etienne
Gilson in La philosophie au Moyen-Age, Paris, Payot, 1999,
p.86.
* * *
"
Incroyable que Dieu s'unisse à nous ?
– Cette considération n'est tirée que de la vue de
notre bassesse. Mais si vous l'avez bien sincère, suivez-la aussi loin que moi,
et reconnaissez que nous sommes en effet si bas que nous sommes par nous-mêmes
incapables de connaître si sa miséricorde ne peut pas nous rendre capable de
lui. Car je voudrais savoir d'où cet animal qui se connaît si faible, a le droit
de mesurer la miséricorde de Dieu, et d'y mettre les bornes que sa fantaisie lui
suggère. Il sait si peu ce qu'est Dieu, qu'il ne sait pas ce qu'il est lui-même
; et, tout troublé de la vue de son propre état, il ose dire que Dieu ne le peut
pas rendre capable de sa communication.
Mais je voudrais lui demander si Dieu demande autre chose de lui,
sinon qu'il l'aime et le connaisse ; et pourquoi il croit que Dieu ne peut se
rendre connaissable et aimable à lui, puisqu'il est naturellement capable
d'amour et de connaissance. Il est sans doute qu'il connaît au moins qu'il est,
et qu'il aime quelques choses. Donc, s'il voit quelque chose dans les
ténèbres où il est, et s'il trouve quelque sujet d'amour parmi les choses de la
terre, pourquoi, si Dieu lui découvre quelque rayon de son essence, ne sera-t-il
pas capable de le connaître et de l'aimer en la manière qu'il lui plaira de se
communiquer à nous ? Il y a donc sans doute une présomption insupportable dans
ces sortes de raisonnements, quoiqu'ils paraissent fondés sur une humilité
apparente, qui n'est ni sincère ni raisonnable (...)".
Blaise Pascal, Pensées, Paris, Cerf, 1982,
éd. de Francis Kaplan, § 429 p.261.
* * *
« "Par un acte libre et volontaire de Dieu, dont
l'essence est simple, sort de lui le Verbe, et le Verbe, qui ne s'en alla pas
dans le vide, est la première oeuvre du Père". Tatien, qui se souvient ici
encore de saint Paul (Coloss., I 15), veut dire que le Verbe divin ne se
perdit pas dans le vide comme les paroles (uerba) que nous prononçons,
mais que, une fois proféré, il demeura et subsista comme être réel ».
Tatien, cité et commenté par Etienne
Gilson in La philosophie au Moyen-Age, Paris, Payot, 1999,
p.23.
* * *
" Un amour vrai – caritas uera (Richard de
Saint-Victor, De Trinitate, I, III) – implique une pluralité de
personnes. Une personne unique ne peut que se complaire en soi. La complaisance
en soi n'est pas amour vrai, car elle n'est ni accueil ni don. L'accueil et le
don, attitudes essentielles à l'amour, supposent l'altérité.
Porté à son degré suprême d'intensité
– rien en Dieu ne saurait
sans contradiction être fini – l'amour (caritas summa) exige l'égalité
des personnes. En effet, pour qu'une personne soit souverainement aimée, il faut
qu'elle soit souverainement aimante.(...) La perfection de l'amour veut que
l'aimant soit infiniment aimé et l'aimé infiniment aimant, de telle sorte que
l'un et l'autre soient infiniment aimables".
François Varillon,
Eléments de doctrine chrétienne, tome premier, Paris, éditions de l'Epi,
1961, p.207.
* * *
" Le Saint-Esprit
est l'Amour même. Non pas l'acte d'aimer – l'Acte
d'aimer est la nature divine – mais le lien vivant, la relation interpersonnelle
entre les Personnes situées dans le même amour. Amour du Père pour le Fils,
amour du Fils pour le Père, Il "procède" de l'Un et de l'Autre, sans que de Lui
rien ne procède – l'"onde infinie d'amour" est en Lui, dit Richard de
saint-Victor, non effluens sed tantum infusa. Il est pur Accueil, Don
parfait. "L'amour des deux est fondu en un seul par la flamme d'un troisième
amour" (Richard de Saint-Victor).
François Varillon,
Eléments de doctrine chrétienne, tome premier, Paris, éditions de l'Epi,
1961, p.208.
|